(avec) Aliette de Panafieu


(à) l’écran
Vidéaste
Co-réalisatrice

La vie n'est pas un problème

(état de veille, épisode 8)




Ni mode d’emploi, ni garantie : la vie !

Non ma vie n’est pas un problème à traiter ! Ce n’est pas une serrure à ouvrir.
Ce n’est pas un rebus.
Ni un casse tête.
laffairedunevie.com
Ni une panne.
Non, ma vie n’est pas comparable à un objet dont les accidents mécaniques me mettraient en difficulté.
Employer ce mot problème à tort et à travers serait réduire notre vie à son aspect matériel.

Poser cette étiquette sur nos expériences humaines nous donnerait l’illusion d’un bonheur proportionnel au bon fonctionnement de la logistique et à l’évitement des soucis, deuils, frustrations.
Que nenni !
Vivre c’est être au milieu du désordre et au cœur de la tempête avec menace de la rupture du mât à tout moment.
Grandir c’est non pas augmenter l’ordre mais davantage accueillir le désordre. Etre en bonne santé, c’est être à l’écoute des signes avant qu’ils ne deviennent symptômes.

A l’école, nous devions régler des problèmes de robinet ou de géométrie, trouver des solutions à des équations algébriques, éviter les pièges de l’orthographe. Dans la vie c’est différent : il n’y a ni cahier du maître, ni attribution de notes, ni de leçons à apprendre, ni de révisions après le dîner, ni surtout de mode d’emploi.

Je refuse l’idée d’un mode d’emploi de ma vie susceptible de m’éviter les problèmes à régler, mais aussi de me priver de l’aventure même de ma vie, des émotions et des surprises.

Il m’importe de distinguer les différents fils qui tissent mon histoire : une expérience à vivre ;
ce qui grippe cette expérience : les difficultés du quotidien ;
et ce qui en empêche la fluidité : les problèmes à régler.

Non, un deuil n’est pas un problème mais l’épreuve de la perte.
La fatigue n’est pas un problème mais une sensation à identifier comme telle sans ni la nier, ni la dramatiser.
Une peine de cœur n’est pas un problème mais la douleur d’un chagrin.
La maladie, comme le chômage ou le veuvage, sont des expériences d’injustice, de peur de l’avenir ou de solitude avant d’être des dossiers à traiter.
Le stress est davantage une tension qu’un souci.
L’inhibition, plus qu’un problème, serait le malaise de suspension de la pensée, de l’émotion ou de l’action.
La douleur, avant d’être un symptôme à soigner, est rupture d’homéostasie.
La stérilité, le handicap, l’échec à un concours, la dépendance au jeu ... relèvent
de la même logique, exigent la même faculté d’adaptation, le même courage.


En fait, peu de situations relèvent d’un problème à traiter.
Nombreuses celles qui sont source de stress, d’inconfort, de désordre, de larmes, de sécrétions d’hormones.

En soi, l’abandon n’est pas un problème, la trahison non plus, l’humiliation pas davantage.


Ma vie est une succession d'expériences, agréables ou douloureuses, justes ou injustes, banales ou extraordinaires, intimes, publiques, heureuses, malheureuses ou tragiques ...

Celles-ci sont associées à des émotions, des crises, des traversées du désert, des bulles hors du temps (chocs amoureux, naissances, traumatismes ...), coups du destin ou cadeaux du ciel, résignation ou résilience ...

Non, le but d’un « travail sur soi » n’est pas de comprendre ses problèmes, pour les régler ou de les faire disparaître.
Pour moi, une démarche de thérapie devrait me permettre d’accueillir ce que la vie m’offre plutôt que de vouloir la contrôler, m’engage à me réconcilier avec moi-même quels que soient les problèmes, à me faire confiance et à retrouver mon énergie.

Me donner priorité ...

C’est faire connaissance, me séparer, aimer, oublier, découvrir, souffrir, m’émerveiller, apprendre ...

Or nous voudrions davantage « trouver des solutions » qu’accueillir le présent à vivre.
C’est le piège de se vouloir compétent plutôt que gourmand ! Parfait plutôt qu’aventurier !
Efficace plutôt que vivant !



La vie n’est pas un problème
(état de veille, débat de l’épisode 8)




Mais alors, qu'est-ce que c'est ?