(avec) Aliette de Panafieu




BIENVEILLANCE (& BONTÉ)
Avec ou sans sucre


La bienveillance renvoie à notre façon de poser un regard : sur soi, sur les autres ou sur leurs comportements.
La bonté, elle, veut indexer une action ou lui attribuer une intention.
En commun, elles ont un élan de générosité.

Attention !
Sous couvert de bienveillance et de bonté :
Illusion d’un monde de Bisounours;
Impératif de (se) faire plaisir;
Séduction d’aller bien tout le temps et d’aimer toujours;
Méfiance à l’égard des émotions, en particulier la colère;
Sauvetage qui évite à l’autre de prendre ses responsabilités;
Toute-puissance de croire que nous pouvons éviter aux autres les épreuves de la vie...

Comment les héritages culturels, religieux, philosophiques et psychologiques se sont-ils réappropriés cette vertu jusqu’au contresens ?
Comment les professions de relation d’aide auraient-elles contaminé nos pratiques au risque d’en favoriser les excès ?
Sous le masque de la bienveillance, la séduction, comme celle d’un gâteau dont le goût sucré camouflerait un poison : celui de la violence.
Coriace est la croyance que, du moment qu’il y a de l’amour, tout serait acceptable dans la famille, et que le rôle de la bienveillance serait de protéger la bienséance !
Si bienveillance et bonté sont des partis-pris, elles doivent impérativement privilégier le respect, sans être prétextes à bonne conscience, ni tomber dans les risques de déni : complaisance, indulgence coupable, emprise...

Là où la bonté suppose de l’amour, la bienveillance suppose de l’attachement.

Enfin, comment le respect se fait-il un chemin dans toutes ces modalités de la relation : tact, compassion, sollicitude, pitié, politesse, attachement, cordialité, solidarité ?
A condition que autorité, sécurité du cadre, « Parent Normatif » soient garants de notre générosité : priorité donnée aux besoins plutôt qu’aux désirs, distinction entre la personne et ses actes.

Vive le respect, qui au delà de la bonté, est exigence de confrontations et de protestations !
Oui, la bienveillance est compatible avec le désaccord, la crise, le conflit et la colère !

Bienveillance et bonté ne seraient pas qu’une affaire de sensibilité mais aussi de choix et de responsabilité.


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