(avec) Aliette de Panafieu




CONSOLATION
Pour accepter la perte du paradis


Être consolé : besoin aussi élémentaire que dormir, se nourrir ou pleurer.
Besoin de présence solidaire.
Besoin de réconfort inconditionnel.
Besoin de réassurance, d’indulgence, voire de pardon…

Qui remplit cette fonction de restaurer un état d’équilibre ou de paix ?
Qui apporte ce baume susceptible d’apaiser l’injustice, l’abandon ou le deuil ?
La philosophie, qui rappelle l’ambivalence humaine ?
La psychologie, qui atténue l’obscurité en y mettant quelque lumière ?
La justice, qui met le spot sur l’objet de l’épreuve et distrait, un temps, de l’expérience de la douleur ?
La culture, avec son appel à d’autres instances et à une salvatrice créativité ?
Les religions, bien-sûr, avec leurs propositions d’une autre temporalité ?
Le social, avec ses rites, rituels et gages d’appartenance ?

Toutes nos croyances, dont le rôle serait de rendre lisibles nos existences indéchiffrables.
La consolation, c’est la vitale nécessité d’une porte qui s’ouvre après la perte, la tempête des émotions, la proximité avec la folie, la mort ou le «Mal».

Elle offre un espace de répit grâce à une écoute fraternelle, à des soins proches du maternage, à l’assurance de la légitimité des émotions les plus ravageuses et aux réactions les plus inavouables.

Elle permet un soulagement vital grâce à la place et au temps laissés à l’expression du chagrin, à la rage, au refus, voire à la mauvaise foi.

Et d’ailleurs, y a-t-il des chagrins inconsolés, des blessures impossibles à cicatriser et, en nous, un enfant à jamais inconsolable ?

Après l’apnée, ce sera le retour de la parole, du remord peut-être, des regrets sûrement, et de la vie, enfin.