(avec) Aliette de Panafieu




CRÉDULITÉ
Qui est dupe de qui ?


Pour un enfant,
        on parle d’innocence;
Pour un adolescent,
        d’engouement;
Pour une femme,
        de mièvrerie;
Pour un homme,
        d’ignorance;
Pour sa grand-mère,
        de superstition;
Pour son grand-père,
        de sénilité;
Pour son frère,
        de candeur;
Pour son voisin,
        de bonté excessive;
Pour la victime,
        de naïveté;
Pour le croyant,
        de fanatisme...

Sans ni jugement ni disqualification, apprenons à accueillir les autres dans leurs partis-pris, leurs relations très personnelles au monde, leurs interprétations subjectives de notre réalité commune !

Politique, amour, négociation commerciale... selon les registres, comment garder la maîtrise de toutes mes options et le respect de celles des autres ?

Qu’en est-il, déjà, de ma relation à ma propre crédulité ?
Est-elle accompagnée de paresse ? Est-elle déficit de jugeote ? Conduit-elle à la sottise ? Est-ce stratégie, espièglerie ou atout de séduction ?
Ou bien aveuglement qui me rendrait incertain dans l’action ou vulnérable face au pouvoir de l’autre ?

Il reste le tabou méconnu de la toxicité de la bêtise et de sa violence. En analyse transactionnelle, c’est le « jeu stupide » !

Avons-nous si peur, non pas d’exercer nos facultés d’intelligence et de finesse, mais de les soumettre au regard des autres ?
Craignons-nous les pièges de l’hypocrisie ou de la fourberie au point d’en condamner les options ?
Quelles sont nos ressources face à la mauvaise foi ?

La malice, comme permission d’être fin stratège avant d’être celle de tromper, comme danger ou comme tentation.

La ruse, pour éviter la dépendance, la honte ou le ridicule.

Douter ou résister. Croire ou pas. Faire confiance à mes antennes, même face à l’irrationnel ou à l’escroc qui se présente devant moi.

Faire preuve d’indulgence face à nos erreurs d’appréciation, surtout lorsque la panique nous a privés de bon sens.