(avec) Aliette de Panafieu




DÉPRESSION
Une mort sans certificat de décès


La dépression est une torture, une prison, un cauchemar sans fin.
La dépression n’est ni la tristesse, ni les larmes mais c’est l’absence de toute émotion dont le chagrin.

Pleurer permettrait de faire circuler la sève et éviterait que l’arbre ne se dévitalise.
Protester, aussi.
Exprimer le chaos, l’angoisse, la peur et la solitude, également.

Ceux qui en souffrent ne sont pris au sérieux, ni par le social « Allez, secouez-vous ! », ni par le familial « Fais un effort ! »,
ni par le médical « Prenez cet antidépresseur ! ».

Elle est toujours cruelle pour soi, mystérieuse pour les autres, troublés par l’absence de symptômes spécifiques et tentés de porter un jugement.

Confondue avec soit la maladie mentale, soit la paresse, soit un problème à régler.
Mal accueillie dans une culture qui prône le bonheur obligatoire, le bien-être comme impératif permanent et la performance comme ticket d’entrée dans la cour des grands. Vécue comme une honte, comme une maladie contagieuse ou comme la traversée des ténèbres. Majorée par tout ce qui empêche l’expression des expériences émotionnelles : colère, chagrin, peur, culpabilité, sentiment d’injustice ou d’impuissance.

Nécessaire, pourtant, dans toute étape de croissance, car elle accompagne la douleur de la perte et du changement.

Oui, quand tout va à vau l’eau, quand le coeur est froid, quand la tête est vide, quand le monde a perdu ses couleurs, la nourriture sa saveur et moi mon élan, oui, la dépression est vitale comme expérience de transformation et de renaissance.