(avec) Aliette de Panafieu




DÉSIRS
Toujours à accueillir sans toujours les satisfaire


Si, dans le désir, il y a urgence vitale à rêver, brûler, aspirer à davantage de vibrations… la satisfaction de ce désir n’est ni nécessaire, ni suffisante.
En effet, la dépression menace lorsque l’élan de désirer disparaît sous l’objet du désir et l’obligation de le combler.
Accueillir et satisfaire sont deux dynamiques distinctes :
d’un côté l’aiguillon, de l’autre le contentement.
Accueilli et satisfait, le désir est source de plaisir et d’énergie.
Accueilli et non satisfait, il est accompagné de frustration, désagréable mais, à dose modérée, indispensable pour notre bonne santé.
Dans les deux cas, le désir est accueilli en soi comme une gourmandise.

Les dangers sont moins du côté de la satisfaction du désir que du déni de ce désir...
Quels dangers ?
Soit l’accès au plaisir précède l’émergence du désir, au risque de l’étouffer. Être nourri avant d’avoir ressenti de l’appétit, achats compulsifs, consommation immédiate… : je suis comblé·e avant même d’avoir ressenti le manque ou gavé pour éviter de sentir le vertige du vide.
Soit le désir est disqualifié ou anesthésié : c’est alors le terreau d’un déficit d’énergie, de lien avec soi ou avec les autres, voire de dépression.
La dépression n’est pas due à la non-satisfaction du désir mais à la négation de ce désir comme aspiration.
Distinguons encore et encore le désir...
- de son objet : « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! » (Alfred de Musset);
- de l’attente : symbiose assortie de la dépendance à l’autre et à son initiative;
- de la convoitise ou de la compulsion : l’objet est interchangeable, et la satisfaction prioritaire sur la curiosité;
- du rêve : sans aucune obligation de sa réalisation (faire le tour du monde à vélo, apprendre le mandarin...);
- du projet : supposant ambition et mobilisation pour sa réalisation.

Désirer : verbe intransitif

Vivre sans plaisir,
à la rigueur...
Vivre sans désir :
jamais !