(avec) Aliette de Panafieu




DEUIL DU DÛ
Comme contrepoison à une illusion délétère


Ces 3 mots dénoncent le pire poison de notre héritage culturel.

Comment en sommes-nous arrivés à croire que les autres nous devaient quelque chose ?

Que s’ils ne s’acquittaient de cette obligation supposée, nous aurions le droit de nous considérer comme lésé·e·s et de poser comme légitimes les reproches, revendications, vengeances ou bouderies ?
Comment ce ver s’est-il introduit dans le fruit de nos relations ? Qui m’a fait croire à ce chantage ?

Les autres ne me doivent rien a priori et certainement pas ou encore moins parce que je souffre / que j’ai souffert / que je vais souffrir / que j’ai telle ou telle relation.

Comment, adulte, discerner le respect des besoins - obligatoire - de la satisfaction des désirs - facultative ?
Comment, dès que possible, prendre la responsabilité de protéger notre intimité, faire des demandes claires, négocier, proposer, renoncer, vivre la frustration comme une expérience inévitable plutôt que d’en vouloir aux autres de ce que je n’ai pas eu / reçu / vécu ?
Le deuil du dû nous dispense de nombreuses dépendances et nous évite d’user et d’abuser des bénéfices de la posture de Victime.

Le « dû » est illustré par les phrases commençant par « si ».
Exemple : si tu m’aimais vraiment, tu déménagerais … / tu m’offrirais … / tu aurais pensé … / tu renoncerais … / etc.

Plus question de séduire un sauveur pour ensuite lui en vouloir de son sauvetage : « Ce n’est pas ce que je voulais / ce que je te demandais ! ».

Le deuil du dû est la sortie de la petite enfance, l’apprentissage de la responsabilité, de la demande et de la frustration.