(avec) Aliette de Panafieu




ÉCOUTER
Offrir plutôt que donner


Pour moi qui reçois une confidence, quel est mon premier geste ? Dire, comme j’ai vu, appris, voire subi :
« Ce n’est pas sa faute », « tu devrais oublier / lui en parler »,
« à ta place, je… », « c’est pas grave », « ça ira mieux demain », « peut-être que tu as mal compris », «  tu exagères ! »,
« tu as eu tort de… »,
« si tu méditais / faisais du sport… », « moi j’ai essayé ça et ça a changé ma vie ! »…
Je risque alors de museler mon interlocuteur.

A l’origine de cette violence :
La peur d’être touché par l’autre, son émotion, son deuil…  
La peur de mon impuissance.
La peur de ne pas savoir aider, au risque de sauver.
Le plaisir d’être utile dans l’action.

Mes réactions peuvent traduire mon attention exclusive au contenu : écouter ce qui est dit.
Or, mon empathie exige la priorité à la relation : entendre ce qui n’est pas dit.
Pour moi qui sollicite de l’attention, de quoi ai-je besoin ?
De la possibilité de témoigner de mon malaise, sans recevoir de conseil.
De la liberté d’exprimer mon émotion, sans rationalisation, ni interprétation, ni consolation.
Une aide pour « donner du sens » à une expérience particulière, sans forcément chercher d’explication.
Une personne témoin qui ne prenne le rôle ni de psychologue, ni de coach, ni de sociologue.
D’un accompagnement pour poser des questions, sans l’obligation de trouver des réponses.
La liberté de tâtonner, formuler, laisser la place au silence, sans l’impératif de changer.
Une prise en compte de ma détresse, sans transformer mes expériences en « problèmes à régler » auxquels il faudrait absolument « trouver une solution ».

Mais alors, que faire face au trouble qui m’est partagé ?
Changer résolument nos habitudes à l’emporte-pièce !
Rassurer l’autre en entendant ce qu’il dit ou ne dit pas.
Le réconforter en étant sensible à ses émotions.
Le reconnaître en l’accueillant, qu’il parle ou pas.

Exigence de présence plutôt que volonté d’efficacité.