(avec) Aliette de Panafieu




FIERTÉ
Ou admiration ?



Attention aux dangers de la symbiose.

Il ne fait aucun doute que si je dis à mon enfant que je suis fier de lui, je veux lui donner un gage positif de reconnaissance et lui exprimer le plaisir que j’éprouve à l’annonce de son succès. Mais si cette réaction est positive dans ce qu’elle transmet, elle renforce aussi le lien de dépendance entre lui et moi, son parent. Elle nourrit une possible confusion entre les deux.

C’est toi, Antoine qui as obtenu la meilleure note en géographie. C’est à toi, Antoine, d’être fier de toi. Nous, tes parents, pouvons t’exprimer de l’admiration et dans ce cas, chacun reste à sa place.

Nous pouvons aussi lui poser la question :
« es-tu fier de toi ? »

Lui suggérer :
« tu peux être fier de toi  ! ».
Le respect n’est compatible qu’avec la fierté « réfléchie » : je suis seul à pouvoir être fier de moi. Si je le suis de quelqu’un d’autre et surtout de mon enfant, je prends le risque d’utiliser son succès pour nourrir mon propre besoin de signes de reconnaissance et être ainsi gratifié·e dans ma fonction parentale. L’accent serait mis sur « je » suis fier de toi et non sur « toi ».

Et ce « toi », qui est-il ? Un substitut qui répare ce que je n’ai pas pu entreprendre ou réussir ? Un relai ? Une source de fierté pour moi ?

Exemples

Si je lui dis :
« je suis fièr·e de toi parce que tu ne poses pas de problème », va-t-il oser me confier ce qui le tracasse ?

Si son père lui dit qu’il est fier de lui parce qu’il est courageux, s’autorise-t-il à venir pleurer dans ses bras ?

Et moi, est-ce que je sais partager ma fierté, sans fausse modestie, d’avoir mené un projet jusqu’au bout, négocié un contrat, défendu un·e camarade, pris la parole en public ?