(avec) Aliette de Panafieu




MAISON
En quoi est-elle à mon image ?


Sans place : c’est une tente,

Sans placards : c’est une cellule,

Sans traces : c’est une maison-témoin,

Sans plan : c’est un labyrinthe,

Sans odeurs : c’est une maison sur catalogue,

Sans chaleur : c’est un igloo,

Sans fenêtres : c’est une cave,

Sans eau chaude ni électricité : c’est un refuge,

Sans toit : c’est un chantier,

Sans bail : c’est un squat,

Sans ordre : c’est une maison heureuse,

Sans souvenirs : c’est un achat, une location, un prêt, donc pas encore tout-à-fait « chez moi »,

S’il y a des fantômes : c’est une maison hantée,

S’il n’y a que des escaliers : c’est une tour,

Si ce n’est pas moi qui détiens les clefs : c’est une prison,

S’il y a des inconnus : c’est une auberge,

S’il y a des souris : c’est une demeure sans chat,

S’il y a des craquements : c’est une maison vivante !
Ma maison, est-elle résistante ? En paille, en bois, en briques ?

Ma cabane, est-elle perchée ?

Mon abri, est-il mobile ? Van, voilier, péniche ?

Mon domicile, est-il fixe ? Précaire, protégé, caché, partagé ?

Puis-je disposer d’une cave, d’un grenier, d’un garage, d’un atelier ?

Ma résidence me permet-elle de profiter d’un parc, d’un jardin, d’un étang ?

Mon appartement m’offre-t-il le luxe d’un balcon ou d’une terrasse ?

Mes pénates me font-elles survivre à l’hiver grâce à une cheminée ou une baignoire ?

Suis-je nomade, sédentaire, ou voyageur ?

Mon espace réservé y est-il assuré ?

Ma maison
Mon corps la connaît,
Mon oeil la reconnaît,
Ma main l’apprivoise,
Mes soucis s’y tricotent,
Mes souvenirs s’y ancrent et s’y cachent,
Mes habitudes s’y organisent,

Je souhaite y retrouver ma zone de confort,

Les enfants y apprennent le quotidien, le monde, l’ordre, la rigueur, ou non,

Chacun s’y entraine, à la vie en commun, à la cuisine, au ménage, et aux repas animés.

        Quelle qu’en soit l’architecture,
  la maison est le premier territoire de
ma sécurité.