(avec) Aliette de Panafieu




PARDON  
Accueillir plutôt qu’attendre


« Embrassez-vous et dites-vous pardon! »
L’obligation qui nous était faite quand nous étions enfants avait la fonction de remettre de l’ordre, au risque, dans l’apprentissage de la vie, d’exclure conflits et émotions.

Et pour nous adultes ?
Attachés aux modèles hérités, il s’agirait de pardonner pour se mettre en règle avec la morale.
Attention aux dangers de la sur-adaptation !

Je peux aussi me trouver inconsolable d’une épreuve traversée et je serais alors tenté·e de juger l’affront impardonnable. Encore sous le choc, deux tentations : disparaître ou se venger, qui sont deux façons d’éviter l’accès au pardon et de me priver de ses ressources.

Dans ces configurations, nous restons dépendants d’un impératif : soumission ou refus catégorique.
Dans ces configurations, l’autre aurait disparu.
Comment, alors, adopter le pardon comme une option et non comme injonction ?
Faire le choix du pardon demande de multiplier les deuils, d’engager sa responsabilité, d’accepter le prix à payer.
Et ainsi conquérir permission et double permission.
Et quels bénéfices à faire le choix de restaurer le lien ?
Pardonner ce n’est donc ni oublier, ni excuser, ni se résigner, ni méconnaître la réalité de l’offense et des blessures, ni forcément se réconcilier.
Pas question de faire l’économie de reconnaître la réalité de la violence subie, qu’elle soit blessure de rejet, d’abandon, d’humiliation, de trahison ou d’injustice ! Il en va de notre santé ! Et donc de la qualité de nos relations.

A nous d’accueillir le pardon comme terreau de notre élan vital !

Si nous observons la relation, trois positions :

+ -
Attendre indéfiniment des excuses, au risque d’être dans la dépendance à l’autre;

- +
Nier l’offense, au risque de nier ses besoins : de justice, de reconnaissance, de réparation... ;

+ +
Sans attendre,
sans nier l’offense :
accueillir l’autre sans le confondre avec les dégâts provoqués par le préjudice.