(avec) Aliette de Panafieu




PAROLE VENTRILOQUE
Dévitalisée


Des mots sans musique.

Perroquet, animal empaillé, haut-parleur dans un musée ou un aéroport…

Lieux communs,  conseils éculés, aphorismes répétés jusqu’à ce qu’ils n’aient  plus de sève, stéréotypes, petites phrases apprises sans jugeote, étiquettes.

Qui est dupe ?
Etrange, l’intonation !  Décalqué, le propos ! Vide, le cœur ! Agaçant, le jargon ! Usé, l’orgue de Barbarie !

La pensée flotte, les émotions s’estompent, le pouls bat à l’économie, c’est le règne de la paresse et de la pensée unique.
À l’opposé  d’une langue vivante qui vibre, qui colle aux émois, qui exprime le trouble, la crainte, la joie, le désir, l’hésitation, la langue ventriloque sonne faux : la peur figée sous le masque, la douleur (mal) cachée derrière un sourire, la détresse anesthésiée par un rire nerveux, la honte qui voudrait donner le change, en vain.

Monde de marionnettes.
Citadelle sans porte,
cachot sans soupirail,
jardins desséchés.

Expressions stéréotypées :
« il faut »
« tu devrais »                
« c’est comme ça »
« voilà !»
« dommage... »

Les fantômes sont de retour
Qui ferait semblant d’être vivant ?
Mais alors, qui parle ?

Qui veut parler ?