(avec) Aliette de Panafieu




PÉDAGOGIE VIOLENTE
Les poisons
                    des automatismes
                                                        culturels


Qu’est-ce qui nous rend si difficile, en situation de détresse, de proposer des relations vivantes ? Bien sûr nous croyons au respect dû à chacun.

Ce droit est même inscrit dans la Constitution.

Et pourtant nous reprenons les travers d’une éducation en parfaite contradiction avec ces principes.

En pratiquant l’humiliation comme outil pédagogique, en « corrigeant » les enfants, en les frappant, en leur faisant croire qu’ils méritent cette violence, que « c’est pour leur bien » et que grâce à ces brimades, ils vont devenir adultes, nous exerçons une forme de dressage.

Mauvais traitements, intimidation et chantage provoquent plus de méfiance qu’ils n’encouragent confiance en soi et dans les autres.

Voilà ce qui est nommé violence éducative ordinaire.

C’est elle qui nous remet devant la contradiction entre les droits des enfants « évidents » et les devoirs dont ces droits sont assortis pour nous adultes.

Qui soutient aujourd’hui qu’il est indispensable de punir un enfant pour bien l’élever ? De se moquer de lui pour lui « faire comprendre » ?
Qui défend la fessée ?

Qui doute encore des effets destructeurs des « douces violences » ?

Qui consent à faire un lien de causalité entre violence subie et violence imposée ?

Qui ose voir une relation analogue entre violence subie et soumission à la violence (torture pendant les guerres, emprise conjugale ou harcèlement professionnel) ?

Qui se souvient de l’effet paralysant des menaces entendues dans l’enfance ?

Qui s’interroge sur les traces laissées par les accusations injustes, les quolibets, les blagues chargées d’allusions méprisantes ?

Qui accepte de voir dans ces gestes de dompteur une façon d’encourager ce qui sera ensuite « reproché » : dissimulation, insensibilité, soumission c’est à dire dépendance amoureuse, professionnelle ou addictive ?


Sommes-nous davantage les enfants de nos parents que les parents de nos enfants ?