(avec) Aliette de Panafieu




(LA POSTURE DE LA) VICTIME
Manipulation XXL


Cosette quitte les Ténardier mais passe ensuite de bourreau en bourreau. Condamnée à subir à perpétuité : mauvaises rencontres, travail peu rémunéré, trahisons, malheurs … tel serait son destin ! Serrer les dents et endurer.

Sous son courage, le doute quant à sa légitimité à se faire respecter.
Sous sa passivité devant l’insulte, le déni de sa valeur et l’abandon de sa responsabilité.
Sous la plainte, se cache la tragique soumission à l’injonction « ne sois pas libre ! » et la condamnation à rester soumise toute sa vie aux autres et aux événements. Sacrifiée sans espoir de salut.
Son silence de souffre-douleur laisse deviner la prison de la résignation.

On s’attendrit, on compâtit…

Comment s’est-elle présentée en martyre ? Comment nous a-t-elle touchés ? On s’apitoie en faisant l’impasse sur les bénéfices secondaires de ce choix de vie. On la plaint sans se méfier des risques de manipulation.

Manipuler, c’est pouvoir se lamenter tout en refusant d’être secouru·e pour conserver le droit de s’apitoyer sur son sort.
Comment résiste-t-elle à nos propositions d’aide ?

Elle objecte « Oui mais, … ».
En deux mots, elle nous condamnerait à une impuissance perpétuelle.
Luxe de provoquer tant d’agitation en ne faisant rien d’autre que de résister.

Comme il est tentant de prendre le pouvoir en suscitant la pitié, la sympathie ou l’irritation ! A l’opposé de prendre sa responsabilité.
Tel un furet, l’insatisfaction circule entre les trois positions: Victime, Sauveteur, Persécuteur et finit dans les mains du Sauveteur.
« Pas de Bourreau sans Victime ! »

On nous a fait croire le contraire et ce constat nous embarrasse.
Il nous invite pourtant à remettre en question nos relations les plus familières…